Cet article fait partie d’une série sur la Recherche et Innovation Responsable (RRI).
Vous ne connaissez pas encore ce concept ? Consultez notre définition !
Quatre critères ont été proposés par les chercheurs Jack Stilgoe, Richard Owen et Phil Macnaghten pour cadrer une RRI : les critères A.R.I.R. devenus une référence dans la littérature scientifique et intégrés dans les outils européens (RRI tools).
Une innovation responsable doit anticiper ses impacts sur la société et la planète
Il s’agit de mesurer l’ensemble des impacts directs et indirects des innovations à court ET long terme et veiller, à chaque étape du processus, à évaluer les opportunités et les risques actuels et futurs qu’elle présente pour l’entreprise et tout son écosystème.
L’écosystème de la RRI n’est pas seulement compris comme les clients et les bénéficiaires, mais l’ensemble de la société, des citoyens, des générations futures, ainsi que l’ensemble du monde vivant, donc la planète.
Cette posture RRI permet d’éviter le débat binaire pour / contre le progrès technique (techno-solutionnisme vs. technophobie).
Il s’agit d’anticiper les impacts de l’innovation technologique (négatifs et positifs) pour orienter son développement de façon responsable, c’est-à-dire transformer son cœur de métier pour viser un impact positif.
📣 C’est ce principe qui fonde l’”innovation-care” formulée par Xavier Pavie, Professeur à l’ESSEC Business School Paris : une innovation qui prend en compte toute les interdépendances entre individus, entreprises, nations, citoyens et environnement.
Se poser la question « à quoi mon innovation peut servir ? »
Face à la quête effrénée de prouesses technologiques et de l’innovation permanente, au détriment des réels besoins de la société, la première question à se poser concerne la pertinence de son innovation, au regard des besoins et des attentes de la société puis des impacts anticipés.
Cette posture réflexive permet le plus souvent de repenser, réorienter son processus d’innovation, voire d’abandonner un projet si celui-ci ne s’avère pas pertinent.
📣 Ce n’est pas parce que ça se vend que cette innovation doit exister.
Il faut passer d’un écosystème réduit (clients/entreprise) à une conception extra large des parties prenantes.
Face à des enjeux complexes et écosystémiques, la collaboration peut permettre de répondre plus efficacement et plus rapidement grâce à la diversité de points de vue et expertises.
Une démarche de RRI doit prendre en compte les perspectives et les expertises d’un maximum de parties prenantes. Cela implique d’identifier l’ensemble des acteurs qui peuvent être affectés et/ou intéressés par l’innovation envisagée, de les intégrer dans le processus de conception et de développement dès l’amont et tout au long du projet, avec la possibilité d’intervenir et de participer à la prise de décisions. Oui, même dans la partie qui se passe en laboratoire !
L’inclusion des parties prenantes dès le début du processus RRI permet d’augmenter la capacité d’anticipation des impacts grâce à la réunion d’une multiplicité de points de vue.
L’inclusion des parties prenantes ne doit pas se limiter à la diversité des acteurs concernés, elle doit aussi inclure l’exploration d’une diversité d’options : les parties prenantes aident l’entreprise à se challenger.
❓ Est-ce la seule option possible ?
Il est temps de dépasser l’idée qu’il n’existe qu’un “chemin technologique” possible, avec une vision linéaire et dominant du progrès technique. Les bifurcations sur ce chemin technologique sont nombreuses : les entreprises doivent penser leurs choix et les directions qu’elles décident d’emprunter avec l’aide de la société.
La RRI implique la capacité à modifier ou réorienter le projet et le processus face à un contexte évolutif, à la lecture de résultats intermédiaires et selon les différents retours des parties prenantes.
📣 Dans un contexte actuel jalonné par les crises, une grande capacité de réactivité s’avère indispensable dans le processus d’innovation.
🔥 En bref
Les critères de RRI supposent donc une réflexion profonde qui nécessite un engagement stratégique et une volonté forte du top management (le dirigeant et son conseil d’administration).
❓ A quel degré vos actionnaires sont-ils engagé sur ces enjeux et à quel point êtes-vous prêts à entamer ces réflexions ?
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A bientôt !
