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Eco-conception

Eco-conception

La démarche d’Eco-conception vise à réduire les impacts environnementaux dès la conception d’un produit tels que le climat, la consommation de matières premières et les pollutions. Et intervient également sur l’ensemble de son cycle de vie tels que la production, l’utilisation, la fin de vie et le recyclage d’un service ou d’un système.

Evolution de la notion d'Eco-conception et de ses concepts liés

D’abord, le concept d’éco-conception émerge dans les années 90 et formalise pour la première fois via une norme sur le Management environnemental (ISO 14062).

Ensuite, la notion d’éco-conception évolue, notamment, en 2009, pour le secteur de l’énergie, avec une directive 2009/125//CE. Elle permet ainsi d’élargir la notion d’éco-conception à son évaluation “tout au long de son cycle de vie” et évoque l’idée de “performance environnementale”.

Puis, les impacts des démarches d’éco-conception sont :

  • La réduction ou le remplacement de matières premières (biosourcing, alternatives à des matériaux polluants ou dangereux, lutter contre le gaspillage, favoriser le recyclage de certains matériaux,…).
  • La réduction de la consommation d’énergie.
  • La diminution de pollutions (sols, eau, air…) et autres nuisances.
 

Les 9 limites planétaires et l'Eco-conception

Ces impacts sont en lien avec le concept des limites planétaires, mis en lumière par le rapport Meadows en 1972 et proposé par des chercheurs en 2009. En effet, c’est la première fois que nous faisions le lien entre les activités humaines et les conséquences accrues sur la planète et la finitude de nos ressources.

Eco-conception basée sur les 9 limites planétaires
Eco-conception basées sur les 9 limites planétaires


Enfin, les démarches d’éco-conception impliquent une évaluation de la qualité et de la performance des produits. Elle se définisse par des référentiels par secteur et catégorie de produits – lorsque ces référentiels existent.

Exemples de référentiels de l’Eco-conception

Les labels permettent de qualifier ces démarches et requièrent de préciser un certain nombre d’éléments sur ce qui a été éco-conçu (produit, composant, emballage, par exemple) ou sur les impacts réalisés.

Ou bien l’Analyse du Cycle de Vie qui permettent d’avoir une évaluation globale et multi-critères des impacts environnementaux. C’est surtout une méthodologie normalisée (ISO 14040 et 14044) qui permet de comparer différents produits et de :

  • Identifier les points chauds environnementaux. Soit les étapes du cycle de vie ayant les plus gros impacts environnementaux. Ainsi, cela permet de prioriser les axes d’amélioration.
  • Eviter les transferts d’impact entre les différentes étapes d’un cycle de vie. L’objectif est de ne pas réduire un impact à une étape du cycle de vie tout en augmentant ou en transférant l’impact à une autre étape.

☑️ L’éco-conception est une démarche normée qui se mesure principalement à travers l’Analyse du Cycle de Vie des produits ou services

Bénéfices de l'Eco-conception

Par ailleurs, l’éco-conception est souvent vue comme un d’arbitrage entre :

  • Des contraintes économiques, techniques ou règlementaires. 
  • Les contraintes environnementales.

Pourtant, au-delà des gains environnementaux (réduction de GES, de l’extraction et l’utilisation des ressources, dépollution, …), les bénéfices de l’éco-conception sont nombreux :

  • Economiques : Traduire des coûts environnementaux très souvent par des coûts financiers entrainant des économies. Il y a la réduction de consommation d’eau, d’électricité, de matériaux, récupération et recyclage de matériaux en fin de vie d’un produit, optimisation des processus de fabrication, baisse du coût de la pollution (sanctions, taxes). Enfin, des coûts liés aux conséquences juridiques ou d’une mauvaise communication).
  • Innovation : Créer une innovation ‘incrémentale’ ou ‘de rupture’, selon l’approche souhaitée. Elle anticipe sur des technologies comme être un moteur de compétitivité.
  • Environnementaux : Réduire des émissions carbone, meilleure gestion des ressources, réduction de la pollution…
  • Juridiques : Limiter des risques environnementaux, respecter l’anticipation de changements règlementaires.
  • Communication : Réputation et image de l’entreprise, attractivité de la marque employeur. 

Le baromètre 2020 de l’Ademe précise que la mise en place de démarche d’éco-conception a contribué aux entreprises à une hausse de notoriété (62 %), une meilleure relation avec les clients (48%) et une motivation des employés plus importante (38 %).

Conclusion

Enfin, nous restreignons la possibilité d’une innovation plus radicale en limitant l’approche d’éco-conception à seulement une optimisation continue. En effet, elle remet en question la conception globale des produits. Ainsi, cela peut conduire à une optimisation des coûts globale, directs ou indirects (moins de matières premières, de dépendance à celles-ci, de risques sur la chaine de valeur…).

Egalement, les approches les plus poussées intègrent la mesure financière de la démarche d’éco-conception. En effet, afin d’évaluer le retour sur investissement (ROI), il faut adopter une méthode de comptabilité des impacts économiques de l’éco-conception.

Ainsi, la mise en œuvre de l’éco-conception dépend fortement de la façon de la penser et de la stratégie globale de l’entreprise.

Mise en oeuvre de l'Eco-conception

D’une part, la démarche est complexe et doit logiquement conduire à un profond changement des organisations. En effet, tous les métiers sont concernés. De la stratégie, marketing, management, circuits de décision, pratiques d’innovation, production, relations avec les fournisseurs et clients à l’évaluation financière.

⚠️ L’éco-conception n’est pas un département à part, qui ne concerne que la R&D. A chaque étape de développement du produit. Chaque département au sein de l’entreprise doit s’approprier le cycle de vie et pouvoir se positionner sur ces enjeux.

Outre la formation et le recrutement de collaborateurs experts formés à l’éco-conception, il faut souvent faire appel à des consultants spécialisés. Notamment pour évaluer l’ACV, afin de bénéficier non seulement de leur expertise mais aussi de la confiance apportée à la démarche par un tiers externe.

🧠 Il s’agit d’une expertise complexe, aussi distincte et complexe que tout autre domaine de l’ingénierie.

Approches de l'Eco-conception

D’une autre part, le cadre et l’ambition des approches se définissent selon façon les organisations qui les transforment et les implémentent. 

En d’autres termes, nous distinguons deux approches :

  • La première se conforme aux référentiels édictés et à s’inscrit dans une logique de respect de normes. Celle-ci se limite donc par une approche technologique dominante et une vision de l’éco-conception réduite à une optimisation incrémentale.
 

Or, elle peut également être envisagée comme une opportunité d’innover plus largement. C’est la deuxième approche :

  • La deuxième repense les produits ou services et ouvre à de nouveaux marchés. En effet, celle-ci répartie des besoins clients, voire ceux de la société ou des enjeux environnementaux. Et conduit notamment à se repositionner et repenser totalement la façon dont le savoir-faire technique d’une organisation. Ainsi, la démarche d’éco-conception devient alors une réelle approche d’innovation plus globale, responsable et non limitée à l’objet à éco-concevoir.
 

Finalement, la stratégie globale de l’entreprise donne donc le ton de l’ambition donnée à la démarche.

⚠️  A partir de la Direction, des ressources humaines et financières. La formation et la sensibilisation de l’ensemble des collaborateurs sont essentielles afin de comprendre l’importance d’agir et d’investir dans une stratégie d’éco-conception.

In the foreground, the Norwegian company Vestre has used eco-design to produce the first bench made from steel without using any of SAAB's fossil fuels.
Premier banc produit à l’acier sans avoir aucun recours aux énergies fossiles.

Limites de l'Eco-conception

Au sein de la conduite du changement

D’abord, implémenter une démarche d’éco-conception reste complexe dans la conduite du changement. 

Lorsque les freins individuels et collectifs habituels sont identifiés (déni, peur, résistance, incertitude, culture d’entreprise, absence d’engagement de la direction…). Nous trouvons les éléments suivants :

  • Difficultés techniques : Repenser certains produits restent complexes  (l’électronique multi-composés). Pour d’autres, il n’y a pas encore de consensus sur tous les impacts (comme des impacts indirects difficilement quantifiables). Ou bien, dans la façon dont il serait possible de les réduire n’est pas encore, ou mal organisée (usage et effet rebond, logistique sur la partie livraison, collecte, tri et recyclage, etc.).

  • Difficultés de mise en œuvre : Repenser et transformer l’organisation et les pratiques de travail reste difficile. Des équipes éco-conception peuvent ne pas être encore intégrées de façon systématique en amont. Comme si l’éco-conception était un guichet à ajouter plutôt qu’une nouvelle méthodologie de conception et de production (cf. supra, l’éco-conception concerne tous les métiers).

Autres freins

De plus, en raison du coût et du temps nécessaire à pratiquer une ACV, c’est difficile de combiner une telle évaluation avec les besoins d’accélérer l’innovation et d’expérimenter. L’importance est bien penser la démarche et d’adapter ses pratiques afin de l’intégrer très en amont et de façon la plus intelligente possible.

  • Compétition et freins juridiques : Question de la confidentialité et de la propriété intellectuelle face à l’exigence de transparence (composition d’un produit ou process de fabrication).

  • Coût : Une ACV est coûteuse, complexe et prend du temps, même s’il existe des ACV simplifiées.

  • Greenwashing : La communication sur ce qui fait l’objet ou non d’éco-conception peut être subtile, non sans risque pour leur réputation.

  • Les limites intrinsèques de l’approche : L’éco-conception n’intègre pas les impacts sociaux.

Contestations autour de la terminologie de l'Eco-conception

Précurseur de la notion d’éco-conception, Victor Panapek, designer industriel, est le premier à intégrer les impacts environnementaux et sociaux dans ses réflexions. En effet, il dénonce une technologie qui peut se révéler futile et inutile aux individus (Design for the Real World. Human Ecology and Social Change, 971).

Simplement, l’approche hollistique portée par Victor Papanek englobe l’impact social au-delà de l’impact environnementale. Malheureusement, cela a disparu dans l’approche actuelle. Même si certaines nuisances pouvant avoir un impact social sont parfois prises en compte (ex. nuisances sonores).

A noter que l’AFNOR participe à un groupe de travail sur une norme d’ACV sociale (norme ISO 14075).

Par conséquence, c’est pour cela que la démarche est utilisée dans un objectif de rationalisation industrielle et non comme une opportunité pour innover.

⚠️ Il est essentiel d’investir pour changer : investir dans les compétences et dans l’avenir.
Et à l’ère où tout accélère, face à l’inconnu, ne pas anticiper et ne pas agir en profondeur, c’est sceller son retard !

Eco-conception et RRI (Recherche et Innovation Responsable)

En dernier point, l’innovation est comprise aujourd’hui comme toute nouveauté qui cherche à trouver son marché. De surcroît, celle-ci s’applique à des innovations marketing. Mais également, à des innovations qui n’ont pas d’intérêt, pas d’utilité et ne trouveront pas forcément leur public. 

De ce fait, il faut distinguer « l’innovation » et « l’innovation responsable ». L’innovation responsable a pour objectif de donner du sens à l’innovation. C’est-à-dire qu’elle oriente impact positif avant tout. Le moteur de l’innovation responsable vise un progrès en partant des besoins sociétaux et environnementaux.

A contrario, les objectifs de la plupart des organisations s’en tiennent à des objectifs purement économiques. En secondaire, il y a la réduction de leur impact sur la planète et leur contribution sociale (RSE, communication, fondation..)

Une démarche de compromis techniques, soit une démarche d’éco-conception sans remise en question globale du produit voire de l’activité, peut-elle être considérée comme une innovation responsable ? Oui, c’est une opportunité d’innovation plus radicale manquée, si la recherche de réduction d’impact négatif ne remet pas en question la mission de l’entreprise et ses modes de production.

Ou bien, comme le promeut l’innovation responsable, en ciblant les besoins sociétaux et environnementaux. C’est-à-dire identifier de nouveaux marchés, concevoir des innovations techniques et sociales, et implémenter une démarche d’éco-conception globale.

En résumé, l'Eco-conception

  • Peut se faire en interne là où l’innovation responsable est par essence ouverte et collaborative (> Qu’est-ce que l’innovation collaborative ?) .
  • Ne transforme pas nécessairement en profondeur une organisation. Même si elle le devrait, alors que l’innovation responsable suppose le changement de pratique.
  • Est seulement orientée impact environnemental là où l’innovation responsable a une approche globale.
  • Est motivée par des contraintes là où l’innovation responsable est mue par un objectif d’impact positif.

📣  Ainsi, entreprendre une démarche d’éco-conception dans une démarche globale d’innovation responsable suppose un changement de culture et de pratiques profond des organisations. Il est important de savoir dans quel type de démarche vous souhaitez vous engager :

  • Une démarche d’éco-conception incrémentale (réduction d’impacts).
  • Une démarche d’éco-conception responsable (repenser l’activité et les produits ab initio pour le progrès).

Merci à Arnaud Cambefort, Responsable EcoConception chez Safran Transmission Systems (Groupe Safran), pour sa lecture et ses retours ainsi que son partage d’expérience

Pour aller plus loin :

  • Baromètre 2020 de l’Ademe
  • Qu’est-ce que l’ACV ? Dossier par l’Ademe
  • Thèse Christophe Abrassart. La naissance de l’éco-conception : acteurs, raisonnements, enjeux de pilotage et horizons d’une rationalisation industrielle (1990-2010). Gestion et management. École Nationale Supérieure des Mines de Paris, 2011. Français. ffNNT : 2011ENMP0091ff. ffpastel-00712974f

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